« C’est pas personnel, c’est les affaires. » — Michael Corleone, Le Parrain (1972)
Une géopolitique d’intimidation
Depuis son retour au pouvoir en 2025, Donald Trump multiplie les coups d’éclat sur la scène internationale. L’un des plus récents : un « ultimatum de 50 jours » adressé à la Russie. Passé ce délai, des sanctions économiques seraient rétablies si Moscou ne se conforme pas à certains engagements… non précisés.
Mais que signifie cet étrange sursis ? Pourquoi cette théâtralisation des rapports de force ? Et surtout, pourquoi cette ressemblance croissante entre politique étrangère et négociations de gangsters ?
Le « deal » avant tout : une vision mafieuse de la diplomatie
Donald Trump l’a dit et répété : il croit aux deals. Mais pas à la manière de Roosevelt, Churchill ou Obama. Chez lui, le deal est une affaire de domination. Il ne s’agit pas de compromis ou de coopération gagnant-gagnant, mais de montrer qui est le plus fort, le plus imprévisible, le plus riche.
La logique est simple :
– Menace → délai → soumission attendue
– Si l’autre cède, il devient « un bon gars ».
– S’il résiste, les représailles tombent — « Nothing personal, strictly business. »
Cette structure mentale rappelle celle d’une famille mafieuse :
– Le Don accorde des faveurs, mais attend loyauté en retour.
– Les ennemis sont intimidés ou sanctionnés pour l’exemple.
– Les alliés sont protégés… tant qu’ils paient.
Une diplomatie fondée sur la peur, non sur le droit
Ce qui frappe, ce n’est pas seulement le style. C’est l’effacement progressif des principes. Le multilatéralisme est moqué. Les traités sont dénoncés comme des arnaques. L’OMC, l’ONU, l’OTAN ? Des « clubs inutiles » où l’Amérique « se fait avoir ». À la place, une règle unique : la loi du plus fort.
Avec la Russie, Trump n’agit ni comme médiateur, ni comme contre-pouvoir démocratique. Il agit comme un patron de territoire voisin : testant les limites, lançant des avertissements, marchant sur un fil entre complicité et rivalité.
Les droits de douane : taxe ou racket ?
Ce même schéma se retrouve dans sa politique commerciale :
– L’Europe ? Accusée de voler les États-Unis via ses surplus commerciaux et taxée sans distinction.
– La Chine ? Présentée tour à tour comme un voleur technologique… ou un partenaire respectable quand les accords tournent à l’avantage de Washington.
– Le Brésil ? Menacé de 50 % de surtaxes si les poursuites contre Bolsonaro ne s’arrêtent pas (sic).
L’arme favorite : les droits de douane, utilisés comme levier de pouvoir. Non pas pour défendre les producteurs locaux (ce qui serait une politique industrielle cohérente), mais pour forcer les autres à céder sous pression. Comme dans un racket légal, l’objectif est moins économique que symbolique : montrer qui commande.
Et maintenant ?
La question n’est pas de caricaturer Donald Trump comme un mafieux. C’est de comprendre comment ses méthodes transforment le jeu international. En agissant comme un « Don », il pousse d’autres puissances à faire de même : la Chine devient plus agressive, la Russie plus calculatrice, l’Europe plus divisée.
Le résultat n’est pas un nouvel ordre mondial. C’est un désordre systémique, où le plus bruyant impose ses règles — jusqu’à ce qu’un autre prenne sa place.
Conclusion : démocratie ou clans ?
Cette dérive n’est pas seulement préoccupante pour la paix. Elle l’est aussi pour l’idée même de démocratie. Car si la puissance remplace le droit, si la menace remplace le débat, alors ce ne sont plus des États qui négocient, mais des clans.
Et dans ce monde-là, la vérité, la justice, l’éthique… deviennent des vulnérabilités.
Diplomatie classique vs méthode Trump
| Diplomatie classique | Méthode Trump (style mafieux) |
| Basée sur le droit international, les traités, les alliances | Basée sur les rapports de force, l’intimidation, la menace |
| Recherche du compromis et de la paix durable | Recherche de l’avantage unilatéral immédiat |
| Utilisation des institutions multilatérales | Mépris des institutions, accords bilatéraux ou improvisés |
| Défense des principes (droits humains, souveraineté) | Défense des intérêts immédiats du clan ou du chef |
| Stabilité, prévisibilité | Imprévisibilité stratégique et communication brutale |