Depuis ce matin, les médias annoncent en boucle une augmentation des abonnements à la distribution électrique. À peine une fois a-t-on entendu que pour les plus faibles consommateurs, cela représenterait environ 10 à 15 euros par an. Soit environ 1 euro par mois. Et pourtant, cette information, présentée comme une alerte, est diffusée toutes les 30 minutes. Voilà l’exemple type d’un système médiatique qui ne mesure plus l’effet de ce qu’il diffuse.
1. Un système sans rétroaction : aucune mesure d’impact réel
Les médias mesurent le taux d’audience, les clics, les temps de visionnage. Mais ils ne mesurent ni le niveau de compréhension du public, ni l’effet cognitif ou émotionnel de leurs messages. Ils ne s’interrogent pas sur ce que provoque une répétition anxiogène, ni sur la manière dont cela alimente les peurs ou les ressentiments. Une hausse de 1 euro par mois devient, par absence de hiérarchisation, une menace économique.
2. Une information décontextualisée : fausser le débat
Dire qu’il y a une augmentation sans donner d’ordre de grandeur, sans préciser la cible (ménages, entreprises), sans intégrer l’effet réel sur la facture annuelle, n’est pas une information. C’est une mise en scène. Et cette mise en scène nourrit l’angoisse collective. Les citoyens ne peuvent plus distinguer l’essentiel de l’anecdotique.
3. Une boucle toxique entre médias et opinion
Les médias ne mesurent pas l’impact de leurs messages, mais ils instrumentalisent ce qu’ils provoquent. Ils créent une inquiétude, puis la commentent comme un fait social. La boucle est bouclée. L’opinion devient un objet médiatique en soi, déconnecté de la réalité économique. Et pendant ce temps, les vrais débats sur les politiques énergétiques ou la précarité restent en surface.
Conclusion : informer ou nourrir l’émotion ?
L’absence de décence, le refus d’analyser l’impact réel, la recherche exclusive de sensation au détriment de la pédagogie, font que le système d’information contemporain fausse tous les débats. Il ne les éclaire plus. À force de crier au feu pour une bougie, il décrédibilise la parole publique et affaiblit la démocratie.