Le mythe des 3 %

Le mythe des 3 % : pourquoi le ratio déficit/PIB est trompeur

Depuis les années 1990, les gouvernements européens promettent de « tenir le déficit en dessous de 3 % du PIB ». 
Mais ce chiffre, apparemment rigoureux, repose en réalité sur deux incertitudes combinées :

1. Le budget d’un État (recettes – dépenses) est une prévision soumise aux aléas économiques, sociaux, géopolitiques.
2. Le PIB, base de référence du ratio, est lui-même une estimation mouvante, souvent révisée a posteriori.

Résultat : promettre un déficit « de 3 % du PIB » revient à faire deux paris incertains à la fois — sur la croissance, et sur la stabilité budgétaire.

Ce que ce ratio ne dit pas :
– Une baisse du PIB mécaniquement aggrave le ratio, même si les dépenses restent constantes.
– Une crise sanitaire, une guerre, ou une hausse des taux fait exploser les dépenses imprévues.
– Le chiffre « 3 % » est politique, pas scientifique : fixé dans les années 1980 par commodité, sans fondement théorique rigoureux.

Mieux vaudrait :
– Analyser le ratio déficit/dépenses (combien d’emprunt dans chaque euro dépensé ?) — plus révélateur du mode de financement.
– Se concentrer sur la qualité des dépenses publiques (sont-elles productives ? utiles ? durables ?).
– Adapter le pilotage budgétaire à la réalité économique, sans mythe de la règle intangible.

Conclusion : Ce n’est pas la dette qui tue une économie, mais l’aveuglement.
Mieux vaut un budget lucide et bien compris qu’une promesse arithmétique impossible à tenir.