
Introduction
À l’approche des élections européennes puis des législatives anticipées en France, le programme du Rassemblement National (RN) fait l’objet d’un regain d’attention médiatique et politique. Mais derrière des promesses chocs, souvent simplistes, se cachent des contradictions majeures. Ce texte propose une analyse critique du programme du RN, en le mettant en perspective avec les propositions et pratiques d’autres partis d’extrême droite en Europe.
1. Immigration, identité, sécurité : des solutions simplistes à portée limitée
Le RN propose la suppression du droit du sol, le rétablissement de la double peine, et la priorité nationale pour les logements sociaux ou les prestations. Ces mesures, bien que populaires dans les sondages, se heurtent à de nombreuses limites juridiques. Le droit du sol est inscrit dans la Constitution, et des conventions internationales rendent difficile l’expulsion massive de personnes nées ou installées depuis longtemps sur le territoire français. En Allemagne, l’AfD défend des mesures similaires, mais elles se heurtent aux mêmes obstacles légaux.
2. Économie : populisme fiscal et impasses budgétaires
Le RN promet une baisse de la TVA sur les carburants et l’énergie, le départ à la retraite à 60 ans, ainsi qu’un conditionnement des aides sociales. Ces mesures représenteraient une perte de recettes publiques de 30 à 50 milliards d’euros par an selon les estimations de Bercy. Aucune mesure de compensation crédible n’est proposée. Cette logique populiste, où le pouvoir d’achat est utilisé comme levier électoral sans chiffrage sérieux, se retrouve dans d’autres partis : la Lega en Italie ou Vox en Espagne défendent des propositions similaires, souvent retoquées par leurs ministères des finances.
3. Europe : la souveraineté mythifiée
Le RN affirme vouloir rester dans l’Union européenne tout en en refusant les règles budgétaires, juridiques et migratoires. Ce positionnement contradictoire révèle une posture de contestation plus qu’un projet cohérent. En Italie, Fratelli d’Italia (FdI) ou en Hongrie, le Fidesz de Viktor Orbán adoptent une attitude comparable : contester Bruxelles tout en bénéficiant de ses financements.
4. Une cohérence idéologique assumée mais niée
Le RN affirme ne pas être un parti d’extrême droite, tout en développant une rhétorique identitaire, souverainiste et autoritaire très proche de celle des partis comme l’AfD, le FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang belge. Le déni du terme ‘extrême droite’ vise à élargir l’électorat, mais masque une constance idéologique : rejet des élites, dénonciation des minorités, promesse d’un ‘redressement national’.
Conclusion
Le programme du RN s’inscrit dans une tendance européenne de remise en cause des institutions libérales et démocratiques sous couvert de patriotisme. Mais ses contradictions internes, ses failles juridiques et ses impasses budgétaires soulèvent une inquiétude profonde : celle d’un discours magique qui promet tout sans rendre de comptes.