Mémoire du 8 mai : précision historique contre oubli opportuniste

Le 15 mai 2025, Donald Trump, s’adressant à des militaires américains au Qatar, a tourné en dérision les commémorations européennes du 8 mai 1945. Il a notamment ironisé sur la France et sur Emmanuel Macron, déclarant : « Nous avons fait un peu plus que la France pour gagner la guerre. »

Une telle déclaration mérite d’être recadrée avec précision et respect pour les faits historiques. Les États-Unis ont joué un rôle fondamental dans la Seconde Guerre mondiale, notamment à partir de 1942. Ils ont contribué à la libération de l’Europe occidentale et à la défaite du Japon dans le Pacifique. Environ 400 000 soldats américains ont perdu la vie au cours du conflit, dont un grand nombre sur le sol européen.

Mais l’engagement américain ne fut ni solitaire, ni initial. Les États-Unis ne sont intervenus militairement qu’après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor (décembre 1941), et surtout après que l’Allemagne nazie leur a déclaré la guerre (11 décembre 1941). Jusque-là, Washington était resté à distance, malgré les appels à l’aide de la Grande-Bretagne et du gouvernement de la France libre.

La résistance et les armées de l’Europe de l’Ouest ont également payé un lourd tribut. On estime à plus de 400 000 le nombre de soldats européens (français, britanniques, belges, néerlandais, polonais, etc.) morts dans les combats, ou dans les rangs de la Résistance. Sans oublier les sénégalais, les marocains, les algériens et tant d’autres. Ils ont lutté pour leur propre liberté et ont combattu aux côtés des Alliés. À cela s’ajoute l’effort titanesque de l’Armée rouge sur le front de l’Est, qui a engagé la majorité des divisions allemandes et perdu plus de 20 millions de citoyens soviétiques.

Le 8 mai 1945 marque donc la fin des hostilités en Europe. C’est un jour de mémoire pour toutes les nations libérées, un jour de recueillement pour tous les morts — civils ou militaires, occidentaux ou soviétiques. Le rappeler n’enlève rien au rôle des États-Unis, mais il serait dangereux de réécrire l’histoire pour flatter un nationalisme réducteur.