À ma famille, à mes amis. Parce que je ne peux plus me taire.
Il est des moments où l’on ne trouve plus les mots. Où l’actualité, pourtant si saturée de bruit, semble basculer dans une autre dimension — celle de l’indignité froide et calculée.
Aux États-Unis, le Secrétaire à l’Agriculture Brooke Rollins, dans la droite ligne des nouvelles politiques de Donald Trump, propose que l’on remplace les ouvriers agricoles migrants expulsés… par des bénéficiaires de Medicaid. Autrement dit : par des pauvres. Des précaires. Des malades.
La logique est brutale : « Puisque les immigrés partent, que les Américains les plus vulnérables prennent leur place. » Pas de débat. Pas d’humanité. Une phrase administrative. Une proposition de caste.
Nous avons grandi avec l’idée — peut-être naïve — que le progrès social visait à soulager la misère, soigner les malades, protéger les faibles. Aujourd’hui, on suggère de transformer ces mêmes faibles en main-d’œuvre corvéable, sous peine de perdre leurs droits.
C’est une forme de servitude moderne. Et cela ne choque presque personne.
Dans le même temps, Trump menace de taxer à 50 % les exportations brésiliennes si le gouvernement brésilien ne stoppe pas les poursuites judiciaires contre Jair Bolsonaro. Autrement dit : un président américain exerce un chantage commercial explicite contre l’indépendance de la justice d’un pays tiers.
Et là encore, aucune voix ne s’élève, ou si peu. Les intérêts parlent plus fort que la justice.
Que des dirigeants cyniques agissent ainsi est déjà révoltant. Mais que le reste du monde se taise l’est peut-être encore plus. Où sont les grandes consciences ? Où sont les Européens ? Où sont les penseurs, les humanistes, les intellectuels qui jadis dénonçaient les abus ? Aujourd’hui, ils se contentent de commenter, de relativiser… ou de détourner le regard.
Je n’ai aucun pouvoir. Mais j’ai encore des yeux pour voir, des mots pour dire, une conscience pour refuser. Et je refuse ce monde-là. Je refuse qu’on traite les pauvres comme des esclaves modernes. Je refuse qu’on sacrifie la justice sur l’autel des alliances politiques. Je refuse de m’habituer à l’inhumain.
Ce texte est un cri d’indignation, lancé à ma famille, à mes amis, à celles et ceux qui me lisent encore. Je ne cherche pas à convaincre. Je cherche simplement à dire : ne vous endormez pas. Ne laissez pas le silence devenir complice.
Il ne s’agit pas de gauche ou de droite. Il s’agit de dignité humaine.