1. La faillite comme fierté ? – L’illusion du self-made-man
Donald Trump a connu plusieurs faillites personnelles ou d’entreprises. Pourtant, dans la narration qu’il impose à l’opinion publique américaine, ces échecs deviennent des preuves de résilience. L’Amérique adore les récits de ‘come-back’, et Trump en joue habilement. Sa richesse, souvent héritée ou gonflée par le branding, suffit à entretenir l’illusion de compétence économique, malgré des aides opaques via la Deutsche Bank et des circuits liés à des oligarques russes.
2. Une attaque inédite contre la Réserve fédérale – L’inversion des rôles
Trump a publiquement contredit Jerome Powell, patron de la Fed, en brandissant un graphique mal interprété. La Fed a pourtant contribué à stabiliser l’inflation par une politique rigoureuse. Trump souhaite baisser les taux pour gonfler artificiellement la croissance et alléger la charge de la dette. Son mépris pour l’indépendance de la Fed est un signe de dérive autoritaire.
3. La perception d’un « succès » en six mois – Effet d’annonce vs réalité vécue
Quand un sénateur affirme que Trump a accompli des choses extraordinaires en six mois, cela repose sur des effets d’annonce, des indicateurs manipulables et une polarisation médiatique extrême. Les faits restent têtus : les inégalités, les coûts de santé, la dette et la difficulté d’accès au logement ne se sont pas améliorés.
4. Un budget fédéral hallucinant – Et pourtant, peu débattu
Le budget Trump 2025 dépasse les 6 800 milliards $, pour 4 800 milliards $ de recettes : un déficit de plus de 2 000 milliards $. Cela représente près de 30 % des dépenses, un niveau inacceptable selon les standards européens. Le budget Biden 2023, avec un déficit comparable, visait en revanche des investissements dans les infrastructures et la cohésion sociale.
5. Pourquoi cela passe ? L’illusion du dollar-roi
Les États-Unis bénéficient d’un privilège monétaire exceptionnel : le dollar est la devise mondiale de référence. Cela leur permet de financer des déficits abyssaux sans sanction immédiate. Mais cette situation se fragilise : la part du dollar dans les réserves mondiales diminue, et plusieurs blocs cherchent à s’en détacher. Le réveil pourrait être brutal.
6. Déficit sur PIB : un indicateur insuffisant, voire fallacieux
Exprimer le déficit en % du PIB est trompeur : cela ne dit rien sur la nature des dépenses, leur rentabilité ou leur impact structurel. Un déficit pour financer des baisses d’impôts ou une armée surdimensionnée ne vaut pas un déficit pour rénover un réseau électrique ou une école publique.
7. Le bon sens des ménages – Une analogie cruelle pour les États
Un ménage qui dépense plus qu’il ne gagne et emprunte pour vivre au jour le jour court à la faillite. Un État qui fait de même, sans croissance, sans stratégie, ni maîtrise, mise sur l’illusion et sur la patience du monde. Mais cette patience a ses limites.
8. Ce que l’Europe a (parfois) compris, que l’Amérique oublie
L’Union européenne, malgré ses rigidités, cherche à distinguer dette d’investissement et dette de fonctionnement. Elle tente de relier déficit et retour attendu. Les États-Unis, eux, mélangent tout, dans un modèle court-termiste dangereux à long terme.
Conclusion élargie
Un déficit n’est ni un mal ni un bien en soi. Il peut être sain s’il finance un futur meilleur. Il devient dangereux lorsqu’il sert à masquer une politique clientéliste ou une illusion de croissance. Le budget Trump en est l’illustration inquiétante.