UKRAINE : la guerre de Biden ?

2022 : une guerre née des failles occidentales

Il n’est pas nécessaire d’être géopoliticien pour comprendre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 n’a pas surgi de nulle part. Elle s’inscrit dans une lecture stratégique froide : celle d’un affaiblissement conjugué des démocraties occidentales, de l’OTAN et du lien transatlantique, largement fragilisés entre 2017 et 2020 par les choix de Donald Trump. Ce texte revient sur les signaux faibles, les erreurs de calcul et les opportunités perçues par Vladimir Poutine.

1. L’affaiblissement volontaire du lien transatlantique (2017–2020)

Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump s’emploie à déstabiliser les piliers du multilatéralisme. Il qualifie l’OTAN d’« obsolète », menace de retirer les États-Unis de l’Alliance, et multiplie les humiliations publiques envers ses alliés européens. Il transforme le pacte de défense collective en contrat de services conditionné au niveau des dépenses militaires nationales.

Résultat : une méfiance généralisée, une Europe désorientée, et pour Moscou, l’impression que l’Otan n’a plus de colonne vertébrale politique.

2. La tentative de chantage sur l’Ukraine (2019–2020)

L’épisode du gel de l’aide militaire à l’Ukraine en 2019 marque un tournant. Donald Trump bloque près de 400 millions de dollars d’aide, déjà votés par le Congrès, pour faire pression sur le président Zelensky : en échange de la libération des fonds, il exige l’ouverture d’une enquête contre Hunter Biden.

Ce chantage, documenté et menant à la première procédure d’impeachment contre Trump, envoie un signal catastrophique à Kiev et à Moscou : l’aide américaine est conditionnelle, capricieuse, et détachée de tout principe géostratégique.

3. Une Europe désunie et distraite

En 2021, la pandémie de Covid-19 a laissé les gouvernements occidentaux politiquement affaiblis. L’Allemagne entre dans l’ère post-Merkel, le Royaume-Uni s’isole via le Brexit, et la France est en campagne présidentielle sous tension. Joe Biden, malgré son volontarisme atlantiste, hérite d’un appareil diplomatique affaibli par quatre ans d’errance stratégique.

La Chine focalise l’attention de Washington. L’Ukraine, dans ce contexte, semble isolée. Pour le Kremlin, l’Occident est affaibli, désuni, occupé ailleurs.

4. L’illusion d’une guerre rapide

Poutine pense que l’invasion sera rapide, que Kiev tombera en quelques jours, et que les Européens resteront divisés. Mais l’Ukraine résiste. L’Occident se ressoude. La Suède et la Finlande rejoignent l’OTAN. Pourtant, une victoire stratégique reste possible pour Moscou si les États-Unis changent de posture… ce qui pourrait se produire si Trump revenait au pouvoir.

5. Une guerre rendue possible par les faiblesses occidentales

L’Ukraine n’a pas été attaquée parce qu’elle était faible, mais parce que l’Occident a paru désorganisé, imprévisible, et démotivé. Trump a été un multiplicateur de vulnérabilité stratégique, en brisant la logique de défense collective et en montrant que tout pouvait être monnayé.

Ce contexte a nourri le calcul de Moscou. La guerre de 2022, que Trump désigne aujourd’hui comme la « guerre de Biden », a en réalité germé dans l’ombre des quatre années de son propre mandat.

« Ce ne sont pas les faiblesses des Ukrainiens qui ont poussé Poutine à attaquer, mais celles des Occidentaux. »

Les armes américaines et la défense de Kiev en 2022

L’affirmation répétée par Donald Trump selon laquelle « la guerre en Ukraine est la guerre de Biden » occulte une réalité fondamentale : ce sont les armes livrées à partir de 2018 par l’administration Trump qui ont permis à l’Ukraine de repousser les premières vagues de l’invasion russe en février 2022.

Les missiles Javelin : l’arme antichar décisive

  • Fournis dès 2018 sous Trump, les Javelins (missiles FGM-148) ont été massivement utilisés pour stopper les colonnes blindées russes se dirigeant vers Kiev.
  • Grâce à leur capacité à frapper les chars par le haut, ils ont été redoutables dans les embuscades en zone urbaine et forestière.
  • Résultat : des dizaines de blindés détruits, des convois bloqués, un recul stratégique imposé à l’armée russe.

Les MANPADS contre les hélicoptères

  • Lors de l’assaut russe sur l’aéroport d’Hostomel, les forces ukrainiennes ont utilisé des missiles portatifs anti-aériens (Stinger américains, Piorun polonais, Igla soviétiques).
  • Ces armes ont permis d’abattre plusieurs hélicoptères Mi-8 et Ka-52 russes, bloquant la tentative de prise aéroportée de Kiev.
  • L’échec de cette opération a forcé la Russie à abandonner son plan de décapitation rapide du pouvoir ukrainien.

Ce que cela démontre

  • Les livraisons américaines sous Trump ont été décisives pour permettre à l’Ukraine de résister aux premières heures de l’invasion.
  • Trump ne peut donc se désolidariser entièrement de cette guerre : son administration a **armé** la résistance qui a évité la chute de Kiev.
  • Affirmer que « cette guerre est celle de Biden » relève au mieux de l’amnésie, au pire de la manipulation politique.

« Sans les Javelins et les Stinger, livrés bien avant 2022, l’Ukraine aurait peut-être perdu Kiev en une semaine. »